poesie xxi
Les années tendres
Ne pas aimer. Adorer. Ma belle aubaine.
L'enfer c'est l'idéal, gouffre noir fertile,
Le paradis c'est s'y perdre. Ainsi soit-il.
L'esprit bat, irrigue, va, revient dans la veine.
Il trouve le bourreau, l'adoration morbide,
Même les anges bien nourris restent avides
Tout cramer. Puis marcher tiède dans la cendre.
Et vivre sans hâte, charmer les années tendres
Je viens pleurer la chute de l'idole
J'ai tourné, pris des décennies pour arriver,
Cloches rdeturnées, murs contournés, pour trouver,
Le Puits aux remous bruts, tournoyants d'origine,
Car c'est dans le sens séduisant qu'on imagine.
C'était l'envoûtante, liante, farandole,
Le veux trésor, l'histoire scellée, mal contée,
L'évidence sous un ciel partiel colportée,
Naïve, je viens pleurer la chute de l'idole
Le destin plâtré, l'instant masqué, qui s'immisce,
Je hisse le menhir creux sur ton précipice.
Le pousser sans haine, ma dernière corvée,
Mon esprit a tant sué. Je viens me laver.
La nature ne crée pas le carré
Celui-la pense qu'il sème mais il enterre,
Ses mains tamisent gantées, propres dans la terre,
Mais au loin quelque chose se meut, lui échappe.
Il lorgne. D'ailleurs, quelqu'un de sauvage s'échappe.
Pourtant, la nature ne crée pas le carré,
La poupée maudite trône sur l'étagère,
Dehors, la trop forte lueur est étrangère,
Sa maison est plomb qu'un cheval meurt à tirer.
Au jardin, l'epouvantail a l'habit figé,
Il a les traits du sec, solide préjugé.
La glaise fond à l'aise, les cases honorent
Son tombeau prêt. Celui de ses fantasmes morts.
Ce miroir malheureux
Droit, tout glissait sur lui sauf son seul essentiel,
Le Temps où on adore plus grand que le ciel,
Où on prend de notre petit haut l'infini,
Les mensonges encore charmante manie.
Il méritait le bel habit mémoriel, la rime,
Pas le lent alambic, la charade qui mime,
Brillants, contorsionnés sous la frêle lanterne,
Devant ce Miroir malheureux qui reste terne.
Toucher sans salir, les chiffons de soie polissent.
On a pris l'eau dormante dans le calice.
L'un s'est crevé les yeux pris dans sa cécité.
L'illusion tue. Nu, voir la simple vérité.
Dis-moi, le Temps avance, vagabonde ?
Dis-moi, qu'aurais-tu pensé de ce monde,
Toi qui n'est maintenant plus de ce monde,
Tu n'as pas changé, toi qui n'a plus d'âge,
Chaufons nos veines par un lent breuvage.
Dis-moi, le Temps avance, vagabonde ?
Nous nous tournions entraînés dans sa ronde,
Le précepte d'hier, présent présage.
Tu lui ressembles. Le même visage.
Sorcière à la beauté fière
La vieille fille est jolie,
Sorcière à la beauté fière,
Ils'l'ont perchee, oiseau de fer,
Girouette des peurs, folies.
Cheveux longs, allure altière,
Chignon trop mignon qu'ils délient,
Ils cherchent des poux, des délits.
La horde la renifle grossière.
Femme sans poux, ils la cueillerent
A vif, projetant leurs pleurs pâlis.
Las, s'embrasant près de son lit,
Volant ses nuits, âcre lumière.