poesie xxi
Ce miroir malheureux
Droit, tout glissait sur lui sauf son seul essentiel,
Le Temps où on adore plus grand que le ciel,
Où on prend de notre petit haut l'infini,
Les mensonges encore charmante manie.
Il méritait le bel habit mémoriel, la rime,
Pas le lent alambic, la charade qui mime,
Brillants, contorsionnés sous la frêle lanterne,
Devant ce Miroir malheureux qui reste terne.
Toucher sans salir, les chiffons de soie polissent.
On a pris l'eau dormante dans le calice.
L'un s'est crevé les yeux pris dans sa cécité.
L'illusion tue. Nu, voir la simple vérité.
Dis-moi, le Temps avance, vagabonde ?
Dis-moi, qu'aurais-tu pensé de ce monde,
Toi qui n'est maintenant plus de ce monde,
Tu n'as pas changé, toi qui n'a plus d'âge,
Chaufons nos veines par un lent breuvage.
Dis-moi, le Temps avance, vagabonde ?
Nous nous tournions entraînés dans sa ronde,
Le précepte d'hier, présent présage.
Tu lui ressembles. Le même visage.
Sorcière à la beauté fière
La vieille fille est jolie,
Sorcière à la beauté fière,
Ils'l'ont perchee, oiseau de fer,
Girouette des peurs, folies.
Cheveux longs, allure altière,
Chignon trop mignon qu'ils délient,
Ils cherchent des poux, des délits.
La horde la renifle grossière.
Femme sans poux, ils la cueillerent
A vif, projetant leurs pleurs pâlis.
Las, s'embrasant près de son lit,
Volant ses nuits, âcre lumière.