Fidèle, le temps repassera
Elle se lève, sa pensée s'étire,
Dans la fiole aux évidences,
Le sable glisse imperturbable.
Le Temps est son bel épris,
Son maître, son avenir,
Leur vie, oeuvre d'art,
Trop libre pour voir dieu,
Il rappelle qu'il est dieu.
Le Temps est passé,
Mais elle n'était pas là,
Il a laissé un mot, complice,
"J'éclaire les graines du possible,
Je sème les fèves de grenat".
Fidèle, il repassera, elle sait,
Comme cette dernière fois,
Ils ont ri sur son lit de mort.
Le sixième pilier
Les vents des dunes font les lits,
La caravane se délie
Du lien en cuir épais, tanné,
Qui dit l'élan, la poignée.
Les bannis ont trouvé le nid,
Le cumin vêtit le laurier,
Six cuillères dans un seul mets,
La semoule roule, nourrit.
Du jasmin près de mon tapis,
C'est en reine que j'ai dormi,
Sous son toit, des lettres mariées :
« L'hôte est sixième pilier ».
Moins las, il m'offrait les lilas
Face au miroir avec fracas,
"Toi, regarde, prends garde à toi",
Ainsi donc, de mon fier éclat,
J'ai trouvé l'Autre mille fois.
L'être avait l'habit ici-bas,
J'étais poétesse du roi,
Posant les syllabes sur moi,
Moins las, il m'offrait les lilas.
J'ai vogué là-bas, ça et là,
Voiles tendues à l'angle droit,
Je creusais les lits de taffetas,
Comme j'étais sûre de moi !
Et je me suis couchée sans roi,
C'était la fin de mes lilas,
La solitude prête est là,
"Je meurs sans un bruit avec toi".
Il laisse son lit de lavande
Bonjour, merci, s'il vous plaît,
Cultivant le tact en son potager,
Il astique ses fleurs en plastique,
La souris a mis ses chaussons,
Elle effleure sans même toucher,
Il cache sa peine d'un voile,
Marchant sans déranger,
Il laisse son lit de lavande,
La gentillesse est son habit.