Mes regrets français
Les morts de mon sang français hantent ma pensée,
Des vieux et de celui qui partit sans bonheur,
Ma tête est prise dans le lourd étau du passé,
Je ressasse les définitives erreurs.
Ma grand-mère, sa douce et poudreuse senteur,
Mon grand-père, qui pendant la guerre passée,
Fait prisonnier, il devint mon Héros fugueur,
Il gagna aussi une sacrée somme au tiercé.
Souvenirs de bonbons, chocolat et chaleur,
Givre, neige, qu'on m'a contée dans leur froideur,
Le cabanon dégageant ces parfums français,
Les provisions en cas d'autre guerre, entassées.
Il faudrait accorder mes années et vos heures,
Le temps a brûlé, tout seul il m'a dépassée,
Ce qui fût ne peut hélas être remplacé,
Votre mort est un dur couperet dans mon coeur.
Avec mes regrets entravant mon avancée,
Sur votre tombe, je viens, je pose les fleurs,
Je vois les noël, la table, ses bougies dressées,
Un ciel larmoyant. Mes yeux, humide douleur.
L'ennui
Je te maudis à coups de pieds en création,
Toi l'ennui, néant, trou noir d'imagination,
Tu n'es que solitude et morne lenteur,
L'esprit sans geste, fantôme dans sa pâleur.
Rien à faire. Tu entrouvres mes pires peurs,
Le ciel coulant sur ma porte, mon triste cœur,
Derrière, le décor aride désertion,
De ceux agités ayant trouvé l'occupation.
Valises trop pleines traînées avec labeur,
Elles s'ouvrent, les bouchons claquent de passion,
Un livre sort, c'est l'heure des fées, des conteurs,
Avec les tapis volant par l'inspiration.
Mais tu es là l'ennui, lové tel le veilleur,
Tu vides ma tête, c'est l'abomination,
Que tu passes ton chemin de négation,
Infernal, tu rodes, hasard de mon malheur.