L'aube des innocents
Sur les rayons, le poète éblouissait
Les chemins d'abandon. Le soleil devançant
L'ombre possède le sens. Il est seul passant
Dérangeant la vie, elle a tant à confesser.
Le désir est devant lui, son éclat pressé.
Il a l'élan, retombe d'émoi empressé
Pour l'instant mangé, déjà hier, évanescent.
Il se souvient, l'offre à l'aube des innocents.
L'épave vivante
La vague pleine a presque tout refoulé,
Les peines s'endorment profondément cachées.
Elle a laissé l'amnésie, puis s'en est allée,
Pour seule mémoire le sang sur le rocher.
La mer couve les secrets troubles avalés.
L'épave vivante continue de couler,
Les ossements tanguent, maudits, encore accrochés.
La vérité se saigne, se paie entachée.
Là-bas, le sable durcit
Cet arbre vit sur les ruines grattées, fêlées,
La mémoire gît rampante enracinée.
Les fidèles chauves-souris viennent tourner
A la même heure usée, ensorcelées.
L'arbre peine. Les dures ruines décharnées
Capturent les grains en liberté malmenés,
Lourd destin, trop légers hasards morts empalés.
Là-bas, le sable durcit, les pas finis, scellés.