Sorcière à la beauté fière
La vieille fille est jolie,
Sorcière à la beauté fière,
Ils'l'ont perchee, oiseau de fer,
Girouette des peurs, folies.
Cheveux longs, allure altière,
Chignon trop mignon qu'ils délient,
Ils cherchent des poux, des délits.
La horde la renifle grossière.
Femme sans poux, ils la cueillerent
A vif, projetant leurs pleurs pâlis.
Las, s'embrasant près de son lit,
Volant ses nuits, âcre lumière.
Pourtant Narcisse était solitaire
Pourtant Narcisse était solitaire,
Devant son miroir d'eau, il se plaisait.
Les autres, vide crochu, prédisaient
Le monde trop plein des cris délétères.
Tu es si beau, laid, idiot ou rusé,
La horde se gave, repue du parterre
De harpies croupies, accroupies, brisées,
Derrière leur vitre, ça déblatére.
Image où il pose son baiser.
Ils l'aimeront, statue d'un jour prisée,
Devenue simple caillou qu'ils jetèrent
Au loin. Narcisse était solitaire
Vivants après toi
C'est écrit dans les cieux, ont dit
Les étoiles. Lève les yeux, lis.
Je ne vois pas, ça m'eblouit,
Je ne peux pas, ça m'engourdit.
Je ne veux pas des paradis
Ou enfers fermés qui convient
Au festin sans faim, dur, rassi,
Suis tendre pierre impolie.
J'ai fui le destin d'or durci,
Libre, ivre de tout, j'ai choisi.
Vivants après toi, infinis,
Vois les astres qui t'ont choisi.