Africains
Ils parlent, le verbe résonne, fort,
A l'écho du passé ils font honneur,
Au vieux mourant, au sage, au guérisseur,
Aux femmes portant leur vie sous l'effort.
L'été se fait, se défait en couleurs,
Sur la terre ocre, leur abri est au bord
Du fleuve roi qui devient ravageur,
Fiers, ils défient l'impérial décor.
Le feu crépite, l'air fausse torpeur,
La savane fauve lance les sorts,
Qu'ils récoltent dans la jarre en or,
Démons pendus à l'arc, ils sont seigneurs.
La beauté des années est sur leur corps,
La mémoire est leur précieux trésor,
Ils trouvent dieu posé sur une fleur,
Ils ne meurent pas, ils dorment rêveurs.
Tu es le temps qui passe
Tu es l'enfer des mortels, des damnés,
Ils se cognent ces pauvres condamnés,
Aux parois affûtées de leur sagesse,
Implorant, impuissants, tenus en laisse.
Tu es le vieux roi qui n'a de cesse,
De rappeler aux maudits forcenés,
Qu'ils sont perdus, que tu broies les années,
Toi qui dépasse toutes les tristesses.
Tu es le masque rieur, tu caresses
Les amoureux de la belle journée,
Naïfs sur la barque de leurs promesses,
Voyage que tu as déraciné.
Tu es le fard rouge cri dessiné,
Sur la peau pâle des femmes fanées,
Un alto frustré à l'écho de maîtresse,
Et l'oeil du miroir ultime vieillesse.
Tu es la mort, à l'heure, qui sonnait,
Aux rêves désirés de la jeunesse,
Souvenirs gracieux qui l'ont façonnée,
Brûlés et aspirés, ils disparaissent.