Le destin suit les courbes du passé, Les morts sont pétales tendres couchés, Les anciens sont nerf de sève cachée, D'un tout, leur silence souriant sait. Face au ruisseau, mon reflet disparaissait, J'ai vu leurs faces en or se pencher, La mémoire marie,...
Il est mon temps, il m'appartient, Dans mes mains, fécondé, lâché, Il grandit d'étoiles, de rien, D'une double esquisse, d'un toucher. Lune et soleil parfois fâchés, A l'aurore, l'amour revient. Épris, l'infini roi convient Aux détails apposés, cachés....
L'arbre soupire, dit au hibou : « Je n'ai plus de feuilles, L'automne m'a déshabillé, Mes ailes roussies piétinées, Le vent dévore, je m’évapore ». Le hibou lui dit : « Je veille, J'ai le manteau et le parapluie, Car l'hiver passe par là ». L'arbre souffle,...
J'applaudis la mariée s'aimant, Sa vertu blanche sans passé, Il brille l'éternel diamant, L'avenir lisse qui déjà sait. Un bon parti pour testament, Les soyeux viennent l’encenser, Elle s'assoit courbée sans froisser, Épouse sa vie de ciment. Son moule...
Le ciel respirait le vent bienvenu, Vrai, aéré, il m'a mise à nu, Mes volants chantaient la vie ondulée. Quel insolent, il a tout chamboulé ! Avec trois fils j'ai fait un pardessus, Ma pudeur de lilas était parée, Ce souffle d'en haut m'a revigorée, Le...
Chez eux, les miracles ont faste cour, Le coq grisé chante la basse-cour, La courtisane sans désir est en pleurs, La cantatrice gorge le malheur. Mais le plaisir bave, il vient toujours, Poudre forte pour être le meilleur, Volutes d'opium des Cocteau...
Dans une cuvette ardente, L'âme offerte dans l'arène, Épouvantail de tragédienne, La mémoire en feu brûlante. Le plus jamais pleure, aimante La foule noire affolante, Les oiseaux mordent et traînent Le passé de sang, la rengaine. Mais l'hirondelle rassurante,...
Mes larmes de nuit ont rempli Le nu lisse d'un puits de verre, Je me noie le regard ouvert, Mes jambes lasses et froides plient. A ces passants que je supplie De mes yeux gelés par l'hiver, Ceux la qui m'ont ensevelie, Jetée par mon talon de verre. Ces...
Les reines discrètes, pleines de grâce, Sereines à l'ombre de la terrasse, Le vent les épie, ravit, puis se tait, Les secrets parfumés sont confortés. Deuil et écueil bravement écoutés, Le destin grandit le chagrin, surpasse, Le nuage se gorge, coule,...
Les sirènes trop maquillées chantaient Leur malheur à l'infini projeté, Mon fin capitaine n'a pas dévié, Il m'a dit : « c'est la mer dans un évier » ! Affûtés, les noirs rochers épiaient Le farouche marin au noble pied, Silencieux quand les cris de fiel...
La cité s'est parée de tentures velours, A l'abri des sages apposant l'anathème, La raison ondule vers les passions extrêmes, Attendant la faim, le délice du corps lourd. Chevelure lachée, les marquises sont bohèmes, Exquises en blanches lignes et crinoline...
Zéro heure zéro, zéro, Quand on libère les anneaux, Les turbulences indigo, L'océan porte le radeau. Le temps s'oublie, au repos, Ils dorment enfin les héros, Un vif lutin sort du chapeau, Et Cendrillon laisse son seau. Les courtisans du toujours trop,...
Ange enfui et insolent démon, Elle s'éprend d'un nuage, d'un frisson, Belle de diamant dans sa forteresse De verre où tout glisse, rien ne blesse. Quand douceur ronronne, ronde caresse, Narcisse éclaire les vices mignons, Les galantes statues lui font...
L'ange est parti à minuit, je l'aimais ! Plus fort que les héros morts dans la pierre, Plus fidèle qu'un voilier arrimé, Plus pur que le souffle d'une rivière. Maman, l''air des sables te parfumait, Tu vis en moi, tu inspires à jamais. Sur la motte et...
Elle se lève, sa pensée s'étire, Dans la fiole aux évidences, Le sable glisse imperturbable. Le Temps est son bel épris, Son maître, son avenir, Leur vie, oeuvre d'art, Trop libre pour voir dieu, Il rappelle qu'il est dieu. Le Temps est passé, Mais elle...
Les vents des dunes font les lits, La caravane se délie Du lien en cuir épais, tanné, Qui dit l'élan, la poignée. Les bannis ont trouvé le nid, Le cumin vêtit le laurier, Six cuillères dans un seul mets, La semoule roule, nourrit. Du jasmin près de mon...
Ce n'était pas une vaine passion, C'était la sienne fière obsession, Sa robe prête, finement bruissante, Un rubis aux lèvres déjà frémissante. Danse des âmes moulées lancinante, Elle, muse, vivant leur création : Statue scellant l'étreinte, fascinante,...
J’ai plié parfois raide de dépit, J'ai entendu, senti tant de folies, Caché mon être d'une étole en plis, Vêtue de ces dire qui m’ont bâtie. Délits délibérément embellis, Délicieux et libres loin des orties, Indélébile empreinte peu abolie D’un Ego empêtré...
La cour moisie enferme les non-dits, Ils se cognent aux quatre murs, vont errer Aux coins des ombres frustrées, emmurées, Infinies poussières d'un sens maudit. Une fleur pousse au centre atterrée, Sur le tombeau concave qui redit Les mots vivants, rampants,...
D'un éclair, l'angoisse a dévoilé Tout l'enfer derrière les cieux fêlés, Brèches de feu, de peurs venues du pire, Torches aveugles d'un funeste empire. L'enfer se morfond, luit la nuit, expire Les vents perdus, pleurs moites avalés. Un sens perce le buvard...
Le vide pleure sa profonde dimension. Le creux silencieux, les démons tissent, se terrent, Saisissent l'ange au talon, chair de mystère, Sacrifié au fleuve, aux noires impulsions. Ses ailes ivres, sa pensée se désaltère, Elle est accrochée à l'ombre folle,...
Il cherche le pardon au fond de l'univers, Le ciel en sueur, sa colère délavée, Le nœud difficile de l'âme est ouvert, Le soir en transe, la lune à son chevet. L'Ego noir se meurt, l'humain brille au travers, La nuit expie les fantômes juges, sévères....
Mon tendre soldat sur la prairie s'est couché. Au-dessus des batailles, monte le silence Qui pleure. Regarde, l'univers s'est penché, Il honore les surdoués, leur excellence. Ta tombe est dans mon âme, trouée par la lance De peine où survit le noble chant,...
Cet arbre vit sur les ruines grattées, fêlées, La mémoire gît rampante enracinée. Les fidèles chauves-souris viennent tourner A la même heure usée, ensorcelées. L'arbre peine. Les dures ruines décharnées Capturent les grains en liberté malmenés, Lourd...
La vague pleine a presque tout refoulé, Les peines s'endorment profondément cachées. Elle a laissé l'amnésie, puis s'en est allée, Pour seule mémoire le sang sur le rocher. La mer couve les secrets troubles avalés. L'épave vivante continue de couler,...
"Quelle impudeur d'écrire", lui dis-je. "Pas de pudeur en poésie", me dit-elle.
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