La femme mimant
J'applaudis la mariée s'aimant,
Sa vertu blanche sans passé,
Il brille l'éternel diamant,
L'avenir lisse qui déjà sait.
Un bon parti pour testament,
Les soyeux viennent l’encenser,
Elle s'assoit courbée sans froisser,
Épouse sa vie de ciment.
Son moule est son seul tourment,
La dame s'ennuie ardemment,
Le mari gracieux s'est tassé,
Prendrait-elle amant empressé ?
Un fin caillou l'a vue glisser,
Prise par le tiraillement
Des envies normales mimant
Félicité. Elle repart pressée.
Le plaisir grave
La vie marie l'ambivalence,
Du noir au blanc elle se balance,
Dédale et clef éclairée,
Le plaisir grave libéré.
La force jaillit de latence,
L'alchimie surprend l'existence,
L'abîme a un arbre à côté.
Le réel, toujours vérité.
La vie ondulée
Le ciel respirait le vent bienvenu,
Vrai, aéré, il m'a mise à nu,
Mes volants chantaient la vie ondulée.
Quel insolent, il a tout chamboulé !
Avec trois fils j'ai fait un pardessus,
Ma pudeur de lilas était parée,
Ce souffle d'en haut m'a revigorée,
Le passé dort, le présent au-dessus.
Cent fois j'ai voulu, osé me brûler,
De mes grandes joies et peines déçues,
La passion m'enlève à mon insu,
A toutes mes vies je me suis mêlée.
Les miracles ont faste cour
Chez eux, les miracles ont faste cour,
Le coq grisé chante la basse-cour,
La courtisane sans désir est en pleurs,
La cantatrice gorge le malheur.
Mais le plaisir bave, il vient toujours,
Poudre forte pour être le meilleur,
Volutes d'opium des Cocteau d'un jour,
On se remplit de coton et d'ailleurs.
Leur miel collant s'est révélé menteur,
L'un s'est noyé vêtu de kitch atours,
L'autre s'est pendu en haut d'une tour,
Les miracles sont mirages flatteurs.
La joie
Elle suit les plaisants nonchalants,
Lève les rêves insolents,
Le grand choc des hasards en joie,
Étincelles sur mon émoi.
Brèche saillante sous le toit,
Je vois l'astre phosphorescent,
Force légère m'enlaçant.
Je ris. Qui vit, oublie son poids.