La sirène en pierre
On dit que tu effaces, noies, même l'amer,
Chante la Patiente au Temps assujettie
A ceux aimés, morts, qui l'ont lentement bâtie.
Elle est sirène en pierre usée par la mer.
Tant de morts lui grignotent le bras bien petit,
Elle les tenait, folle, mais ils sont partis
Lui fissurant l'écaille, la jetant à terre.
Elle apprend à marcher, boiteuse, solitaire.
Fleur en tête
Ainsi tu es prisonnier d'autrui, il t'arrête,
Toi pauvre poète charmeur, le mal en tête.
Tu offres tellement d'indécents dégorgements
Pour un soupir esclave, un sourire aimant.
La vie serait cimes, abysses sublimant
Le noir au reflet doré, l'étrange épithète.
Pour un bravo, tu te perds, t'enroules, rimant
Sans fin. Ta fleur en tête, bossue, les inquiète.
Je serai cet enfant
Même dans les grottes sans vent battant
Le Temps s'engouffre partout, je l'attends.
Sur mes pleurs, son éclat a tressailli,
Il scintille sur mon chagrin pétri.
Il flambe vite, j'ai saisi l'instant.
Il dit : "J'obscurcis les peines vieillies,
J'oublie, délaisse les naïfs en vie".
Moi, je serai cet enfant hors du Temps.