Le roi se tasse
Sur son trône clouté, le roi se tasse.
A droite, la reine discrète casse
La tête, l'or, l'assiette. Tintamarre.
A gauche, c'est le bouffon qui se marre.
Fond de règne, on maquille sa face,
Graisse épaisse perçant le buvard,
Et la peur de mourir troue la race
Des despotes, empoisonnés, blafards.
Il veut mourir sur une grande place,
Mais l'humble chemin jamais ne s'efface,
Devant allées, grands palais goguenards.
Comme tous, mort par un petit placard.
Elle a ce regard
Haute femme, elle a ce regard,
Noir de soie comme le corbeau vantard,
Pelage lisse de proie difficile,
Chat vous jetant d'une patte, d'un cil.
Elle met talons hauts, rouge criard,
Dans l'œil, main, vieux membre viril, fossile,
Barbare. Cils coulant sans noir hagard,
Libre, guidant sur le radeau, indocile.
Amants idiots
Petit, le rire m'a sauvée,
D'autres, moi, chue sur le pavé,
Noir qu'aucun matin ne gracie,
Devant, le mal s'est assis.
Le démon rit, il éclaircit
Le trou, bras me levant aussi.
Sans se pousser de ponts, travées,
Amants idiots, on s'est gavé.
Mourir de rire, abreuvés,
Moins sots, la peine adoucie,
Belle, tribale idiotie.
Pas la mort. Le rire gravé.
Comme un tic généalogique
Implacable tic généalogique,
Placard, esprit cognant, vieilles mimiques,
Poussent l'un dans le trou à étagères,
Bas, haut, à l'air libre ça dégénère.
Il m'amène ça, dit la belle mère,
La poignée raide, vieux gestes primaires.
L'ange mort né se perche hypnotique
Et un diable mendie sous le portique.
Dans la vieille tombe en bois rustique,
Les cris mettent le feu délétères,
Ça ne met pas la famille à terre.
Oui, les os nouveaux tiendront la boutique.