Le lampadaire
Dans un appartement choisi comme repère,
D'un être en fuite cherchant son sens, ses repères,
Seule, je restais éblouie par le lampadaire,
Ma lune, mon soleil dans cette cité dortoir.
Oubli des pensées, affalée près du bougeoir,
Qui éclairait ma psyché bien noire ce soir.
Comme compagnie, je regardais le miroir,
Etait-ce mon corps vivant que je voulais voir ?
Je n'y vis que la lumière de mes déboires
Avec mon esprit fuyant dans l'imaginaire.
Je pensais aux amours dépassées, leurs travers,
Le conscient, l'inconscient, leurs tortueux mystères.
D'un coup ! Dans l'opaque silence, le tonnerre
Eclata le lampadaire. Cernée de verre
Et d'ombres, la panique et l'horreur arrivèrent,
Juste un halo rouge sang menant au couloir
De la mort pour les âmes perdues, délétères.
Idées et délire s’illuminaient tel l'éclair
Quand petite culotte, je valsais légère
Devant mon voyeur et obsédant partenaire.
J'étais femme dans un polar craignant le pervers,
On me trouverait poignardée dans la baignoire,
Ou étranglée, gisant, sur le lit en peignoir,
Découvrir mon cadavre dans le frigidaire,
Visage blanc, de glace, parti dans l’éther.
Avec un lourd poids je me noyais sans nageoires,
Ma raison figée, j'étouffais, pas un brin d'air
Pour balayer la pire peur des solitaires,
Sensibles au temps qui galope, à la vie passagère,
Sans foi, se rêvant rois, voguant la mort dans l'air.