poesie
Une fleur pousse sur le tombeau
La cour moisie enferme les non-dits,
Ils se cognent aux quatre murs, vont errer
Aux coins des ombres frustrées, emmurées,
Infinies poussières d'un sens maudit.
Une fleur pousse au centre atterrée,
Sur le tombeau concave qui redit
Les mots vivants, rampants, vite enterrés.
Du ciel, elle a l'accent du paradis.
Le deuil d’Éros
La mariée seule en or pâle, princière,
Porte le deuil d’Éros mort d'illusions,
Pour les caprices, la faim romancière,
Elle est voilée de fleurs à profusion.
Montant vers les sommets pleurer l'érosion,
Fleurir l'idéal nimbé de poussière,
Les amours insolentes qui gracièrent,
Le dieu parfait, arqué de précision.
Entre rêve et matière
L'étoile tombe. Rattrapée, choyée
Par l'infini, son réel, sa matière,
Elle tremble, voyant à la frontière
Du néant noir, d'azurs émerveillés.
Le pire tend le meilleur. Coeur ployé
Sous le combat brûlant, il suppliait
La délivrance déferlant entière.
L'horizon lavé la porte altière.
La larme éclose
Cachée sous le silence, la tristesse
Entre au soir de pudeur chez l'altesse
Au royaume surréel désarmé,
Ses pleurs maquillés d'or sont embrumés.
Miroir triste, l'infini enfermé,
La larme éclose le fend de justesse,
Le malheur se tait, fine politesse,
La vision vive, fidèle à jamais.
La fleur de néant
Face au néant, l'ignorant érudit,
Il pleure l'idée dans le chaos, dit
Que le vertige répond, se délie,
Que la larme des mots sourds tombe, lie.
Il nourrit le rien propice aux folies,
Elles font un pont immense, hardies.
Lancent aux entrailles du paradis,
La fleur de néant poussant impolie.
Les nuances crépuscule
Arrosé par les pleines émotions,
Libérées d'un faste esprit de passion,
Un instant sauvé du Temps s'abritait
Sous la voûte en fleurs, ivre de beauté.
Cet éclat sentait le ciel, il montait
Sûr vers les brûlantes adorations.
Jour, nuit, se font sublime impression,
Les nuances crépuscule, leur vérité
La fleur timide
Force tremblante, tellement heureuse
Que la fleur timide en est peureuse,
Les pleurs attirent le papillon pressant,
Le mal enivre, meurt évanescent.
Rosée d'hier, de demain, vaporeuse,
Elle nourrit, éternelle pleureuse,
L'élan aux deux couleurs, embrassant
Le corps qui pense, la pensée qui sent.
La femme de Lucifer
La femme de Lucifer outrancière,
Transfère les noirs remous de poussière.
L'ange mord l'eau sans fond précipité
Par son éclat qui fend l'éternité.
La lumière pénètre nourricière,
Le fleuve fou, le chaos excité.
Ses ailes souples sauvent traversières,
L'indifférence qui le transportait.
L'arbre dort
L'automne dégorge déshabillé.
Caressée par la pluie, l'eau est magie
Nourrissant la chair. L'arbre dort veillé,
Caché vers les profondes énergies.
Les nervures sauvages assagies,
La vie couchée, purifiée, va choyée.
Les corbeaux adorent émerveillés,
Les histoires nues aux feuilles rougies.
Je lui dis "vous"
Le destin accorde l'honneur
De ses mélodieux rendez-vous,
Au moi propre, il se dévoue,
Le chant révèle pour une heure.
Si loin des compromis mineurs,
La note vraie fuit de bonheur.
Le rien se dit, le tout s'avoue,
C'est l'absolu, Je lui dis "vous".