poesie
Les pierres en feu
Les pierres en feu, la cendre vivante, brûlaient

Son sentier d'épines aux troubles emmêlés.
Le poète avançait, la beauté suppliée,
Un baume enduit sur la pensée effrayée.
Les flammes grandioses, sauvages, reculaient,
Elles contournaient le troublant miraculé.
Son âme plus vive encore se frayait
L'allée sur les pierres d'enfer, émerveillée.
Ce miroir incessant
Quel est ce miroir qui l'observait incessant ?

Le poète levant la tête se brûlait
Par son reflet. Le soleil cru s'étalait
Sur la glace face à l'âme sacrifiée en sang.
Des gouttes immenses, lucides dévalaient
Des sommets en transe jusqu'aux pas emmêlés.
Le sens fut halo virginal apparaissant
Aux pleurs. Un ange l'observait évanescent.
Les lilas d'été
Le vent dévêtit les fleurs emportant

Au loin leur chair de pétales défaits.
Le papillon se frustre imparfait,
De la peine à l'élan, il attend.
Le moment l'appelle, il est partant
Vers tous les lilas d'été magnifiés.
Son vol délié se fige stupéfié,
Et d'être parfait juste un rare instant.
Accroché à une brindille
Accroché à une brindille, emporté

Par le vent frêle de l'été, il frissonnait.
Cet être sensible dansait vite agité
Par la pluie contrariée, les détails peinés.
Son cœur, tendre tambour des cieux, résonnait
Des sentiments rois nés des confins exaltés,
Morts dans la larme gracile, ressuscités
Par la fougue de sa vivace destinée
Enjambé par le Temps
Le Temps n'écoute pas, il fonce s'entêtant

Quand on lui dit lentement : « c'était mieux avant ».
Le manège sort les mal attachés, autant
D'esprits agrippés au guidon pour seul devant.
Dans la fosse, on se croit vainqueur de l'instant.
Ceux-la s'enfoncent, arrachent en vain, fervents,
Les aiguilles de l'horloge qui va s'énervant,
S'accélérant. L'un choit, enjambé par le Temps.
La lune seule
Les mots fusent bombés au creux de l'univers,

La lune seule se fait l'écho de ses vers,
Elle balance son vertige solitaire
Au-dessus du réel qui cogne, qui atterre.
A côté, le beau figé s'agite sous verre,
La clé s'ouvre aux indomptables mystères.
Ils s'échappèrent bruts, ils se précipitèrent
Vers elle, pur soliloque au seuil ouvert.
La fille du brouillard
Où allais-je ? Le temps illuminé ballottait

Mon cœur hypnotisé par les éclairs précis.
La raison s'est jetée dans un puits obscurci,
Mais les rêves éternels regardaient, flottaient.
Près du puits, sous l'auvent de chagrin, une attristée
Cachait la joie florissant la fragilité.
L'âme lavée par les sensationnels soucis,
La fille du brouillard cultivait l'éclaircie.
Fleur de rien
Que j'admire ce papillon ! Il rit le nez

Chu sur la fleur revêche qui se pavanait.
Ils sont épopée des champs, des braves au sommet,
Grignotant l'azur, faisant la nuit embaumée.
Il colore les souples hasards clairsemés,
Ils finissent en ouragans hallucinés.
Spontané, à chaque bêtise il renaît,
Errant d'éclat, de fleur de rien qu'il a aimée.
La vermine mugit
Sous l’apparat rangé, la vermine. Ces gens

Gras lustrent les égouts, la bassesse mugit.
C'est bêtise fougueuse d'un rat émergeant
Des tunnels tordus, le petit enfer rugit.
Des barbelés rongent leur tête préjugeant
Pourris. Le cœur doute, pauvre intelligent
Exsangue du vice. Sa peine de chair gît.
La vermine vole la larme qui surgit.
Le labyrinthe d'antan
Le labyrinthe d’antan aux mille côtés,

Aux ombres perdues sans tombeau s'écartelait
Entre le passé, debout, bavard, rappelé,
La vie, reflet déformé au pied qui boitait.
L'enfant dans un recoin sauve, naïveté
De l'âme courant insolente vers l'allée
Fleurie. Ce penseur sans mémoire bousculait
Libéré, il croquait son bout d'éternité.