Le tambour
Lave stridante embrase mon corps,
Et il répond, il palpite, le cœur,
En résonance à l’esprit meneur,
Au son du tambour fermant le décor.
D’une danse émouvante, d’abord,
Le duo effréné tournoie en chœur,
Vite, je suis les timbales du coeur,
Barres tapant dans le poitrail du corps.
L’esprit soudain plâtré dans mes erreurs,
Et ce stress, dans ce sein, en vains efforts,
Sous le tambour, ses énormes accords,
Frappant allegro sur mes pires peurs.
"Amie raison, je t’ai pourtant donné l’or,
Tu me laisses, disloquée à mon sort" ?
Mais elle me répond dans toute sa candeur,
"As-tu peur de l'indicible malheur ?
La vie coule dans tes petits doigts, fleurs
S’essayant à pousser avec bonheur,
Peut-être l'esprit survivra au corps,
Vois, tu es en vie ton coeur bat encore".
L'Ego
"Tiens, te revoilà mon Ego,
J'avoue, j'ai cru t'abandonner,
Pas bougé pendant ces années ?
Tous les jours transi près de l’eau ?
Malgré le globe sillonné,
Souvenirs qui t’ont imprégné,
Te revoilà l'oeil face à l’eau,
Plus réel que l’ami Godot ?
Tu es pourtant enfant bien née,
Poupée joliment façonnée,
Mais l’orgueil est moins sot,
Et d’un coup ! Tu tombes à l’eau !
Je t’ai si souvent cloisonné,
Satané fantôme borné,
Tu croises toujours les seuls beaux,
Les demoiselles à vieille peau.
Encore ici face à l’Ego ?
D’accord, je te sors hors de l’eau,
Debout vieux loup, tu m’as gagnée,
Moi et toi pour ma destinée".
Le lit de l'oubli
J’ai plié parfois raide de dépit,
J'ai entendu, senti tant de folies,
Caché mon être d'une étole en plis,
Vêtue de ces dire qui m’ont bâtie.
Délits délibérément embellis,
Délicieux et libres loin des orties,
Indélébile empreinte peu abolie
D’un Ego empêtré dans les on-dit.
De ce fier mâle construit d’appétit,
La peau parle, s'enlise sur ce lit,
Promesses d’une ondine assujettie
A l’étreinte hâtivement accomplie.
Près du corbillard, l'âme suit polie,
Lignée des aïeux graves de non-dits,
Echos aliénants des illégitimes lits,
Liesse des nantis, paresse des maudits.
Le destin hérité, subi, qui crie,
S’éloigner des dits trahis des harpies,
Ces suppliques de ce corps qui se plie,
Impies supplices dans le lit de l’oubli.
Rose en vie
Quête de désirable osmose,
Parer de clair pastel mon corps épris,
Vaporiser l’essence de rose,
Arrogance face à la rose qui gît.
La dame névrose, son nerf d'envie,
Pulsion d'instants pourpre ou rose,
Robe parfumée du Héros conquis,
Fanée près du bouquet en ce soir rose.
Sentir la fin gracile de la vie,
Le linceul pâle enrobé de roses,
Près des pétales, gardez mes joues roses,
Elles ont été si roses d’être en vie.
Quelle heure est-il ?
Elle tourne, elle tourne, l’heure des leurres,
Tournoie le verre vide aux mains du tombeur,
Futé s’en fut au fût au bras d’une blonde,
Fière dégustation avec déjà la seconde.
"Pas de stress, je prends ma pression blonde,
A sept heures", s’empresse la seconde,
"Levée à quelle heure" ? s’enquit demi-heure,
Blondes boucles emmêlées à six heures.
"Moi jamais seul", rappelle le quart d’heure,
"Mais toujours dans les bars à la bonne heure,
Pas grave, ce n’est que ma seconde",
Tocards tournent en rond telle la seconde.
"Et ma foi, Moi, mon foie, foi de docteur" ;
"Tournoie, tournoie, compteur", rappelle l’heure,
"Toi Surmoi" ? minaude la seconde,
"A ta santé", dit la coiffée blonde.
Si lisses acquis
"L’Ego, allons voir Parigot,
Portons en nos becs un brûlot,
Notre esprit nous a invités",
Léger paraissait l’air d’été.
Pas allègre au gré des expos,
Verbe empâté face au tableau,
Et l’envie d’emplâtrer le nez
D’un faussement infortuné.
Quelques rots sur son apéro,
Argot originel gommé,
Vite élevée, elle paraît,
"Oh ! Toi tu brilles de si haut" !
"Redescends aussi mon Ego,
Un rien cultivé demandé,
Pour éclairer sans dénuder,
La précieuse, la bouche en ô".
Trouver certains quittant le lot,
Fut une lourde épopée,
Je n'ai croisé que des mythos
Chevauchant leur folle destinée.
La vie en voulait à ma peau,
"Chérie, tu es bien attristée,
Trop en demande de l’intérêt
Pour t’attabler près des si beaux".
Aux excités de la cité,
Cette énergie pour occulter
La solitude sans Ego,
Miroir vide sans aucuns maux.
Chère lectrice, cher lecteur
Les étoiles se sont couchées
Semées ça et là
Pour la petite histoire
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Que ma petite histoire
Devienne la vôtre
Merci de m'avoir lue.