Les mots prononcés empalés
Sur la livide incidence,
La statue finie avalait
Mortifère le sens trop dense.
Seule en pierre d'évidence,
De ses points suturés coulait
Un écho en sang. Il parlait
De ses mots vivants, en cadence.
Les mots prononcés empalés
Sur la livide incidence,
La statue finie avalait
Mortifère le sens trop dense.
Seule en pierre d'évidence,
De ses points suturés coulait
Un écho en sang. Il parlait
De ses mots vivants, en cadence.
L'art étreint la vie, embellit,
Frisson de l'âme illuminée,
Guidant les pas nus malmenés,
Verger interdit qu'ils rallient.
La fleur intouchable, sans lit,
Charme les cieux, les dieux aînés.
Pétales dévorant jolis
Les démons perdus fascinés.
La pensée s'est déshabillée,
La magie enfouie lui seyait,
Une clef de tout emmenait
Au chaos sans plafond, damné.
L'inconscient roi émerveillé,
Revint son esprit couronné.
La raison libre, tous croyaient
Le poète nu, les mots innés.
Sans porte. Malaise des gens,
Ces creux envieux trop vieux, pervers,
Leur vie à leur côté sous verre,
Demi-sphère au temps neigeant.
On s'agite, voulant le vert,
Les regrets, infini hiver,
Des cœurs passés indigents.
L'enfant fuit, sautant, pataugeant.
Statue délivrée, Temps défait,
Le sculpteur frustré, imparfait,
Mais la muse nue s'apprêtait,
Et l'esprit surpris s'exaltait.
La beauté d'un hasard a fait,
Le destin rougi plein d'effet,
Pour l'amoureuse liberté,
Troublée, frôlant l'éternité.
Geste pauvre, pensée murée,
Même l'ennemi l'ignorait,
Faussaire du beau, il est valet
Des fleurs meurtries à l'eau salée.
La fine aurore l'apeurait,
Sa parfaite attention allait
Aux fleurs qui semblaient dorées,
Dans la roche elles ont gelé.
Le poisson languit, somnolence
Sur le refrain d'eau, le silence.
Le ciel à l'écoute respire,
Nageoires ou ailes ? Il soupire.
Il est curieuse insolence,
Vouant le rare en son empire,
Car les poissons volants inspirent
Nos terriennes ambivalences.
Ils ont enterré la lumière,
Ombres en miroir dans leur tanière,
La vérité en cire fond,
Les torsions hilares se font.
Démons pendants, anges en lanières
L’œil grotesque les confond,
La rumeur se cambre, dernière
Des fantasmes morts en bas-fond.
Son âme palpite, pensive,
Retient chaque mot, possessive,
La poésie lâchée de s'étendre,
Et suspendre l'instant tendre.
La voix hors d'elle est lascive,
Les nœuds ombragés se détendre.
La porte infime est poussive,
Surprendre le beau et attendre.
Le miroir est sans sentiment,
Œil froid, épris de l'esseulé,
L'intelligence nue d'aller
Inconnue, le sens en tourment.
Fenêtre aux repères en ciment,
Où un oiseau fou vient parler,
Le geste, l'infini s'aimant,
Il lui dit la force ailée.
"Quelle impudeur d'écrire", lui dis-je. "Pas de pudeur en poésie", me dit-elle.
Qui a vécu dans un pot, a l'intelligence du pot, me dis-je.
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