Il est mon temps, il m'appartient,
Dans mes mains, fécondé, lâché,
Il grandit d'étoiles, de rien,
D'une double esquisse, d'un toucher.
Lune et soleil parfois fâchés,
A l'aurore, l'amour revient.
Épris, l'infini roi convient
Aux détails apposés, cachés.
Le pur de vélin s'est couché
Sous la plume, à peine écorché.
J'ai eu les clefs du temps qui vient,
Marie l’éclat, l'instant, d'un rien.
L'arbre soupire, dit au hibou :
« Je n'ai plus de feuilles,
L'automne m'a déshabillé,
Mes ailes roussies piétinées,
Le vent dévore, je m’évapore ».
Le hibou lui dit : « Je veille,
J'ai le manteau et le parapluie,
Car l'hiver passe par là ».
L'arbre souffle, dit au hibou :
« Je vois le voyeur, l'idolâtre,
Il ligote la Pudeur nue à moi,
Mon élève est prisonnière,
Corps sur l'écorce elle pleure ».
Le hibou lui dit : « Je suis discret,
Cette nuit, je vais libérer ta belle,
Tricote tes feuilles pour elle ».
J'applaudis la mariée s'aimant,
Sa vertu blanche sans passé,
Il brille l'éternel diamant,
L'avenir lisse qui déjà sait.
Un bon parti pour testament,
Les soyeux viennent l’encenser,
Elle s'assoit courbée sans froisser,
Épouse sa vie de ciment.
Son moule est son seul tourment,
La dame s'ennuie ardemment,
Le mari gracieux s'est tassé,
Prendrait-elle amant empressé ?
Un fin caillou l'a vue glisser,
Prise par le tiraillement
Des envies normales mimant
Félicité. Elle repart pressée.
Le ciel respirait le vent bienvenu,
Vrai, aéré, il m'a mise à nu,
Mes volants chantaient la vie ondulée.
Quel insolent, il a tout chamboulé !
Avec trois fils j'ai fait un pardessus,
Ma pudeur de lilas était parée,
Ce souffle d'en haut m'a revigorée,
Le passé dort, le présent au-dessus.
Cent fois j'ai voulu, osé me brûler,
De mes grandes joies et peines déçues,
La passion m'enlève à mon insu,
A toutes mes vies je me suis mêlée.
Chez eux, les miracles ont faste cour,
Le coq grisé chante la basse-cour,
La courtisane sans désir est en pleurs,
La cantatrice gorge le malheur.
Mais le plaisir bave, il vient toujours,
Poudre forte pour être le meilleur,
Volutes d'opium des Cocteau d'un jour,
On se remplit de coton et d'ailleurs.
Leur miel collant s'est révélé menteur,
L'un s'est noyé vêtu de kitch atours,
L'autre s'est pendu en haut d'une tour,
Les miracles sont mirages flatteurs.
"Quelle impudeur d'écrire", lui dis-je. "Pas de pudeur en poésie", me dit-elle.
Vous aimez ? Merci de partager :-)
Tous droits réservés - Copyright 2020 - Photos, titres, textes contractuels