L'arbre et le hibou
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L'arbre soupire, dit au hibou :
« Je n'ai plus de feuilles,
L'automne m'a déshabillé,
Mes ailes roussies piétinées,
Le vent dévore, je m’évapore ».
Le hibou lui dit : « Je veille,
J'ai le manteau et le parapluie,
Car l'hiver passe par là ».
L'arbre souffle, dit au hibou :
« Je vois le voyeur, l'idolâtre,
Il ligote la Pudeur nue à moi,
Mon élève est prisonnière,
Corps sur l'écorce elle pleure ».
Le hibou lui dit : « Je suis discret,
Cette nuit, je vais libérer ta belle,
Tricote tes feuilles pour elle ».
La femme mimant
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J'applaudis la mariée s'aimant,
Sa vertu blanche sans passé,
Il brille l'éternel diamant,
L'avenir lisse qui déjà sait.
Un bon parti pour testament,
Les soyeux viennent l’encenser,
Elle s'assoit courbée sans froisser,
Épouse sa vie de ciment.
Son moule est son seul tourment,
La dame s'ennuie ardemment,
Le mari gracieux s'est tassé,
Prendrait-elle amant empressé ?
Un fin caillou l'a vue glisser,
Prise par le tiraillement
Des envies normales mimant
Félicité. Elle repart pressée.
La vie ondulée
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Le ciel respirait le vent bienvenu,
Vrai, aéré, il m'a mise à nu,
Mes volants chantaient la vie ondulée.
Quel insolent, il a tout chamboulé !
Avec trois fils j'ai fait un pardessus,
Ma pudeur de lilas était parée,
Ce souffle d'en haut m'a revigorée,
Le passé dort, le présent au-dessus.
Cent fois j'ai voulu, osé me brûler,
De mes grandes joies et peines déçues,
La passion m'enlève à mon insu,
A toutes mes vies je me suis mêlée.
Les miracles sont ailleurs
Chez eux, les miracles ont faste cour, Le coq grisé chante la basse-cour, La courtisane sans désir est en pleurs, La cantatrice gorge le malheur. Mais le plaisir bave, il vient toujours, Poudre forte pour être le meilleur, Volutes d'opium des Cocteau d'un jour, On se remplit de coton et d'ailleurs. Leur miel collant s'est révélé menteur, L'un s'est noyé vêtu de kitch atours, L'autre s'est pendu en haut d'une tour, Les miracles sont mirages flatteurs.
L'âme de châtelaine
Tu as l'âme de châtelaine ?
Tiens la pioche et le râteau
Et construis ton propre château,
Le sable glisse, la mer freine.
Ce sec labeur que l'eau emmène,
Tiens la pioche et le râteau,
Fatigue tendue dans les veines,
Mais la nuit laisse le repos.
Le soleil arrive trop tôt,
Tiens la pioche et le râteau
La vague a détruit ta peine,
Dame fée courage te mène.
Un jour, la mer a fait l'îlot,
Tiens ta clé bleue et ton château,
Tu es la seule souveraine,
L'étoile veille, te fait sienne.
Un passé de sang
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Dans une cuvette ardente,
L'âme offerte dans l'arène,
Épouvantail de tragédienne,
La mémoire en feu brûlante.
Le plus jamais pleure, aimante
La foule noire affolante,
Les oiseaux mordent et traînent
Le passé de sang, la rengaine.
Mais l'hirondelle rassurante,
A posé l'ombrelle calmante
Sur mes pas à l'ombre sereine,
Je suis de cendre et de graine.