Au creux du jour
Ma Mie, fais attention au creux du jour,
A t'encombrer de ces fleurs de toujours,
Ce dôme intérieur fait seul écho
Au pharaon doré en son tombeau.
Elle est douce la pensée de velours,
Elle amortit les chocs sourds, les plus lourds,
Mais elle entend en bas le chant d'un beau,
Un présage la veut, vilain corbeau.
Princesse s'admirant dans son château,
Belle d'intérieur, pour elle seule ses atours,
Dormant pour presque toujours dans sa tour.
Sans se pencher. Elle tomberait de haut.
Cœur poussière
Il monte l'escalier, laborieux, fier.
N'observe pas l'arrière, tiens un pilier.
Vertige. Oublie les sombres pierres,
Tiens le lierre, le vivant est l'allié.
Les pierres disparues de ce collier,
Qu'on admire, qu'on tire par derrière,
Sont reflets où luisent les bras déliés,
Avenants des Chimères. Coeur poussière.
Qui de nous deux perdra l'âme ?
Ton sang me brûle, toi guerre vorace,
On dit que tu crames même les flammes,
Poète sans peur, ma torche est vivace
Quand j'écris : qui de nous deux perdra l'âme ?
Mon combat est en dedans, je me blâme
Quand tu aboies, la voix épaisse, basse,
Qui purulle de l'Autre qu'on fracasse.
Ma lettre meurt sur mon vélin. Noble l'âme.
Toi l'enfant, leur caprice
Toi l'enfant moitié des modernes sociétés,
On te dira que tu es né de la Liberté,
Cette dame farouche va, rien ne l'arrête,
La belle aérienne n'en fait qu'à sa tête.
La flamme hautaine fait peur, on l'a domptée,
On l'a même enfermée dans une éprouvette,
A l'Egoïste, l'injection d'humanité.
C'est bien morne la norme. Ne soyons pas bêtes.
D'où tu viens ? J'aurais tant aimé te le conter,
D'elle ou lui, lui sans elle, ta lignée qu'on jette.
Car il n'y a rien. C'est vide la Liberté.
Tu dors sans savoir que ton devenir m'inquiète.
L'océan ivre
La bouteille rougie d'alcool au chaud,
Le fait rêver hors de son dur cachot,
Verre qu'il traîne aux pieds, le soumet,
Qui finalement ne casse jamais.
L'homme s'évade la larme au goulot,
L'océan ivre remplit l'assommé,
L'esprit tangue, s'imbibe lourd, fend l'eau.
Le phare est démoniaque, déformé.
Les cieux bavent, les contours, flous halos.
Il s'écrase de plaisir consumé
Pour l'instant exagéré, sublimé.
Son rêve se noie. Son cachot prend l'eau.
Les lasses parallèles
Ses pas allaient en lasses parallèles,
C'était la vie qui lui courait derrière :
"Viens vivre ma belle la vie réelle,
Je t'inventerai les mots sans poussière".
L'âme perdant ses ailes, cherche-t-elle ?
Elle ne le savait pas, la prisonnière.
Elle se cachait le ciel de l'ombrelle,
Peureuse sous un porche, en arrière.
Les normales pensées
Le Sage cueille sa fraîche pensée
Et lui dit : « Tu es en vie ce matin,
Tu es parée de merveilles, d'excès,
Pour fuir l'impasse, l'ultime chemin.
L'abîme te fera grimper. Tu sais
Qu'on fait reculer le cercueil certain,
Qu'on fait fleurir les normales pensées,
Pour taire l'impénétrable destin ».
Une flèche d'excès
Elle a tant de souvenirs empressés
De sortir que sa tête s'est penchée.
Voici venir le combat de l'archer,
Il lui tire les flèches du passé.
Elles ont le lent poison. Le mal coincé
Transpire, sort de l'âme ébréchée.
Elles ont le miel. Le parfum relâché
Tue l'archer d'une flèche d'excès.
Il y a un souffle
Il y a un un souffle dans ta tristesse tant
Sentie. Tu expires, décoiffes la douleur,
Tu inspires l'élan qui rhabille latent.
Les guerres se dénouent, sont bercées par les pleurs.
La brise insuffle ton réveil apportant
Le renouveau aux grandes façons, il t'attend,
Il dialogue même avec sanglots, crève-cœur.
Tu t'attristes, il pleure encore ton cœur.
Les vestiges de la folie
Il a fendu les vestiges de la folie.
Son armure se tord, fatiguée de haïr.
Bavard dessous, il adore, enseveli
De senteurs. La joie l'étouffe, vient l'envahir.
Vif, il se repose paresseux dans le lit
De ses chimères inassouvies, son désir
En apesanteur sur les fleurs. Il court saisir
Cette effusion naïve. Suave délit.