Entre rêve et matière
L'étoile tombe. Rattrapée, choyée
Par l'infini, son réel, sa matière,
Elle tremble, voyant à la frontière
Du néant noir, d'azurs émerveillés.
Le pire tend le meilleur. Coeur ployé
Sous le combat brûlant, il suppliait
La délivrance déferlant entière.
L'horizon lavé la porte altière.
La larme éclose
Cachée sous le silence, la tristesse
Entre au soir de pudeur chez l'altesse
Au royaume surréel désarmé,
Ses pleurs maquillés d'or sont embrumés.
Miroir triste, l'infini enfermé,
La larme éclose le fend de justesse,
Le malheur se tait, fine politesse,
La vision vive, fidèle à jamais.
La fleur de néant
Face au néant, l'ignorant érudit,
Il pleure l'idée dans le chaos, dit
Que le vertige répond, se délie,
Que la larme des mots sourds tombe, lie.
Il nourrit le rien propice aux folies,
Elles font un pont immense, hardies.
Lancent aux entrailles du paradis,
La fleur de néant poussant impolie.
Les nuances crépuscule
Arrosé par les pleines émotions,
Libérées d'un faste esprit de passion,
Un instant sauvé du Temps s'abritait
Sous la voûte en fleurs, ivre de beauté.
Cet éclat sentait le ciel, il montait
Sûr vers les brûlantes adorations.
Jour, nuit, se font sublime impression,
Les nuances crépuscule, leur vérité
La fleur timide
Force tremblante, tellement heureuse
Que la fleur timide en est peureuse,
Les pleurs attirent le papillon pressant,
Le mal enivre, meurt évanescent.
Rosée d'hier, de demain, vaporeuse,
Elle nourrit, éternelle pleureuse,
L'élan aux deux couleurs, embrassant
Le corps qui pense, la pensée qui sent.
La femme de Lucifer
La femme de Lucifer outrancière,
Transfère les noirs remous de poussière.
L'ange mord l'eau sans fond précipité
Par son éclat qui fend l'éternité.
La lumière pénètre nourricière,
Le fleuve fou, le chaos excité.
Ses ailes souples sauvent traversières,
L'indifférence qui le transportait.
L'arbre dort
L'automne dégorge déshabillé.
Caressée par la pluie, l'eau est magie
Nourrissant la chair. L'arbre dort veillé,
Caché vers les profondes énergies.
Les nervures sauvages assagies,
La vie couchée, purifiée, va choyée.
Les corbeaux adorent émerveillés,
Les histoires nues aux feuilles rougies.
Je lui dis "vous"
Le destin accorde l'honneur
De ses mélodieux rendez-vous,
Au moi propre, il se dévoue,
Le chant révèle pour une heure.
Si loin des compromis mineurs,
La note vraie fuit de bonheur.
Le rien se dit, le tout s'avoue,
C'est l'absolu, Je lui dis "vous".
La danse seule
La danse seule sublimée,
Qui se tourne autour aimée,
Par le démon serrant charnel
Et l'ange libérant d'une aile.
A l'origine, elle promet
Un tourbillon fou passionnel.
L’éden la fige éternelle,
Charmé, le beau l'a enfermée.
Le sherpa premier
Le sherpa premier, raisonné,
Je le laisse me surpasser,
La hauteur prend imaginée,
Au-dessus du tourment, il sait.
La peur monte, tombe cassée,
Mon coeur en sang l'a ramassée,
Détaché, l'esprit culminait,
L'étendard entre eux le menait.