Les nuances crépuscule
Arrosé par les pleines émotions,
Libérées d'un faste esprit de passion,
Un instant sauvé du Temps s'abritait
Sous la voûte en fleurs, ivre de beauté.
Cet éclat sentait le ciel, il montait
Sûr vers les brûlantes adorations.
Jour, nuit, se font sublime impression,
Les nuances crépuscule, leur vérité
La fleur timide
Force tremblante, tellement heureuse
Que la fleur timide en est peureuse,
Les pleurs attirent le papillon pressant,
Le mal enivre, meurt évanescent.
Rosée d'hier, de demain, vaporeuse,
Elle nourrit, éternelle pleureuse,
L'élan aux deux couleurs, embrassant
Le corps qui pense, la pensée qui sent.
La femme de Lucifer
La femme de Lucifer outrancière,
Transfère les noirs remous de poussière.
L'ange mord l'eau sans fond précipité
Par son éclat qui fend l'éternité.
La lumière pénètre nourricière,
Le fleuve fou, le chaos excité.
Ses ailes souples sauvent traversières,
L'indifférence qui le transportait.
L'arbre dort
L'automne dégorge déshabillé.
Caressée par la pluie, l'eau est magie
Nourrissant la chair. L'arbre dort veillé,
Caché vers les profondes énergies.
Les nervures sauvages assagies,
La vie couchée, purifiée, va choyée.
Les corbeaux adorent émerveillés,
Les histoires nues aux feuilles rougies.
Je lui dis "vous"
Le destin accorde l'honneur
De ses mélodieux rendez-vous,
Au moi propre, il se dévoue,
Le chant révèle pour une heure.
Si loin des compromis mineurs,
La note vraie fuit de bonheur.
Le rien se dit, le tout s'avoue,
C'est l'absolu, Je lui dis "vous".
La danse seule
La danse seule sublimée,
Qui se tourne autour aimée,
Par le démon serrant charnel
Et l'ange libérant d'une aile.
A l'origine, elle promet
Un tourbillon fou passionnel.
L’éden la fige éternelle,
Charmé, le beau l'a enfermée.
Le sherpa premier
Le sherpa premier, raisonné,
Je le laisse me surpasser,
La hauteur prend imaginée,
Au-dessus du tourment, il sait.
La peur monte, tombe cassée,
Mon coeur en sang l'a ramassée,
Détaché, l'esprit culminait,
L'étendard entre eux le menait.
L'esprit imparfait
Le jour aigu, grandissant, fait
La nuit couvant sensible, nid
Des âmes lourdes sous l'effet
Du triste, du joyeux unis.
Aux cieux légers, régnant parfaits,
Prendre un éclat d'infini,
Il luit sur l'esprit imparfait,
Voleur des grandes harmonies.
Jugé extraordinaire
Ils gueulent « disgrâce » blâmant
De leur fébrile jugement,
"Pierre qui écrase" pour sentence,
L'esprit dressé, malin, tance.
Le choc s'excite en eux, dément,
La pierre saigne gravement.
Gênés, ils nettoient l'existence,
Volent l'ultime prestance.
Le peintre sans imaginaire
Le peintre sans imaginaire,
Le cadre rassure précieux,
Fui des muses nimbées, lunaires,
L'œil, le trait bavent fallacieux.
Les muses, libérées des cieux,
L'ont peint rigide, sanguinaires,
Pendu à un vif luminaire,
Le beau vengeur, noir, délicieux.