L'oeuvre voilée
L'oeuvre voilée, diaphane, est taillée
Dans la pierre pure de doigts aimants.
L'imaginaire brille d'un tourment,
Reflète l'inconnue émerveillé.
Narcisse s'incruste, croit dévoyer
L'Art dépassant sa beauté. Sublimant
Le vrai sans fin, fines veines choyées,
L'oeuvre palpite, attend patiemment.
Les cieux fêlés
D'un éclair, l'angoisse a dévoilé
Tout l'enfer derrière les cieux fêlés,
Brèches de feu, de peurs venues du pire,
Torches aveugles d'un funeste empire.
L'enfer se morfond, luit la nuit, expire
Les vents perdus, pleurs moites avalés.
Un sens perce le buvard révélé
A l'aube couchant les fiévreux soupirs.
Sa profonde dimension
Le vide pleure sa profonde dimension.
Le creux silencieux, les démons tissent, se terrent,
Saisissent l'ange au talon, chair de mystère,
Sacrifié au fleuve, aux noires impulsions.
Ses ailes ivres, sa pensée se désaltère,
Elle est accrochée à l'ombre folle, déterre
Toutes les duelles, les farouches scissions.
Le ciel luit au fond des pures exaltations.
Le masque de pudeur
La mélancolie est un doux malheur,
La tristesse rougie l'a essorée,
Dégorgeant les hypnotiques couleurs.
Le masque pleure, dissout, effaré.
Tant de masques de pudeur à dorer
Sur le visage offrant sa pâleur.
Au sentiment nu, elle dit : « Dis-leur
Que dedans on étouffe d'adorer ».
La folie du beau
La folie du beau prend le solitaire,
Il parle au ciel en langue étoilée,
L'aurore pure guide l'esseulé
Vers la caverne, la porte sous terre.
Danger en soie, éclair sauvage hélaient
Le sésame expirant les mystères,
Murmure vrai, marche sur le parterre
De joyaux. pierres saillantes, fêlées.
Une fleur pousse sur le tombeau
La cour moisie enferme les non-dits,
Ils se cognent aux quatre murs, vont errer
Aux coins des ombres frustrées, emmurées,
Infinies poussières d'un sens maudit.
Une fleur pousse au centre atterrée,
Sur le tombeau concave qui redit
Les mots vivants, rampants, vite enterrés.
Du ciel, elle a l'accent du paradis.
Le deuil d’Éros
La mariée seule en or pâle, princière,
Porte le deuil d’Éros mort d'illusions,
Pour les caprices, la faim romancière,
Elle est voilée de fleurs à profusion.
Montant vers les sommets pleurer l'érosion,
Fleurir l'idéal nimbé de poussière,
Les amours insolentes qui gracièrent,
Le dieu parfait, arqué de précision.
Entre rêve et matière
L'étoile tombe. Rattrapée, choyée
Par l'infini, son réel, sa matière,
Elle tremble, voyant à la frontière
Du néant noir, d'azurs émerveillés.
Le pire tend le meilleur. Coeur ployé
Sous le combat brûlant, il suppliait
La délivrance déferlant entière.
L'horizon lavé la porte altière.
La larme éclose
Cachée sous le silence, la tristesse
Entre au soir de pudeur chez l'altesse
Au royaume surréel désarmé,
Ses pleurs maquillés d'or sont embrumés.
Miroir triste, l'infini enfermé,
La larme éclose le fend de justesse,
Le malheur se tait, fine politesse,
La vision vive, fidèle à jamais.
La fleur de néant
Face au néant, l'ignorant érudit,
Il pleure l'idée dans le chaos, dit
Que le vertige répond, se délie,
Que la larme des mots sourds tombe, lie.
Il nourrit le rien propice aux folies,
Elles font un pont immense, hardies.
Lancent aux entrailles du paradis,
La fleur de néant poussant impolie.